
Mes premiers pas dans l'exposition dédiée à l'artiste islandais Ragnar Kjartansson
au Barbican furent plutôt hésitants. J'appréhendais déjà d'avoir gâché 8 pound dans une exposition où je ressortirai comme j'étais entrée : impassible.
Il faut dire qu'avant que Gabrielle une des membre du duo The White Pube me montre du doigt l'affiche de l'exposition où elle avait prévu de m'entraîner en "art date" dix minutes avant, je ne savais pas du tout qui était Ragnar Kjartansson dont j'écorchais le nom à chaque lamentable tentative d'énonciation. A l'hésitation et l'appréhension des premiers instants, le sentiment d'une perte de repère a succédé. Je me suis d'abord demandée où j'avais atterrie. Cependant je n'eu pas le temps de me pencher sur cette question au caractère existentielle car j'étais déjà très très loin. Le déroutement merveilleux fut d'abord causé par la performance
« Take me here by the Dishwasher : memorial for a
marriage » où l'on se retrouve plongée avant même d'avoir pu se demander par où commençait l'exposition. Au mur est projetée une scène sans son du
film islandais Morosaga (1977) où
l'on voit un couple joué par les parents de l'artiste qui furent
acteurs. Une perfomance live de chanteurs guitaristes dans la
tradition troubadour accompagnent cette projection. Debout, assis, ou allongé sur un matelas à la couverture en satin rose, une guitare dans les bras, mais
toujours entourés de bouteilles d'alcools meilleurs amis des chagrins amoureux,
nos ménestrels contemporains au look d'hipster chantonnent en
polyphonie le dialogue de la scène du film. L'air monotone des chanteurs ainsi que la tonalité dépressive de leur voix contrastent tant avec le décor tout en couleur pastel et la scène d'amour projeté, que de ce décalage naît une sorte de situation burlesque qui peut prêter à sourire voire à rire si vous êtes aussi sensible à ce type d'humour que moi. J'avais l'impression d'avoir déjà vécu quelque chose de similaire et c'est seulement après l'exposition que j'ai mis les mots sur cette sensation familière : Wes Anderson.
Ragnar Kjartessen et Wes Anderson se meuvent dans le même univers, que ce soit au niveau du traitement des couleurs pastels mais surtout de l'humour particulier qu'ils usent pour parler des situations de la vie qui ne sont pas toujours très joyeuses, un humour jamais sarcastique toujours très attendrissant, et du burlesque certes mais tout juste ce qu'il faut pour ne pas l'emporter sur l'essence profondément poétique des œuvres de cet artiste.
Ragnar Kjartessen et Wes Anderson se meuvent dans le même univers, que ce soit au niveau du traitement des couleurs pastels mais surtout de l'humour particulier qu'ils usent pour parler des situations de la vie qui ne sont pas toujours très joyeuses, un humour jamais sarcastique toujours très attendrissant, et du burlesque certes mais tout juste ce qu'il faut pour ne pas l'emporter sur l'essence profondément poétique des œuvres de cet artiste.

J'espère maintenant avec impatience que Paris accueille à son tour la rétrospective d'un des meilleurs artistes performeur de la scène contemporaine.
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