jeudi 20 octobre 2016

Ain't go no, I got life


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1959, photo par G. Marshall Wilson

  " C'est une unique chose que vie et trépas,
     veille et sommeil, jeunesse et vieillesse : car
     chacune se transforme en l'autre et l'autre se transforme en chacune" Héraclite d'Ephèse

 


Il y a dans la voix de Nina quelque chose qui réveille les angoisses refoulées. On avait pourtant cru réussir à les noyer mais si l'asphyxie est silencieuse elle reste douloureuse, cherche à remonter à la surface. La fuite est permanente et Nina nous confronte à  notre fuite, nous oblige à nous contempler...ca fait mal.
Ain't go no home à la manière d'une flèche me transperce, Ain't go no father  à la manière d'une flèche me transperce de nouveau. L'honnêteté et la simplicité  avec laquelle chaque phrase sont chantées comme des réalités auxquelles elle, elle a décidé de ne plus fuir. Nina est honnête avec elle même, elle ne fuit pas, elle se regarde, se sait, elle est, chante, joue et quand je la regarde elle est sublime.
Je n'ai rien et pourtant j'ai beaucoup I got life. Tant que je suis, tant que je suis je possède déjà beaucoup. Ce beaucoup que je possède si je peux l'estimer beaucoup c'est parceque le rien est aussi présent. Je ne possède rien mais je possède beaucoup. Je possède beaucoup mais je ne possède rien, tout est une question d'harmonie des contraires chez Nina. Ain't go no me brise,  I got life me redonne espoir, mon cœur se serre, quelque chose remonte à la surface, ce n'est pas la douleur mais la joie. Si j'ai pu penser que les larmes de joie étaient différentes des larmes de tristesse, je me dis maintenant qu'elles sont comme les affluents d'un même fleuve.


samedi 3 septembre 2016

Ragnar Kjartansson: Chagrin d'amour et second degré






  Mes premiers pas dans l'exposition dédiée à l'artiste islandais Ragnar Kjartansson au Barbican furent plutôt hésitants.  J'appréhendais déjà  d'avoir gâché 8 pound dans une exposition où je ressortirai comme j'étais entrée : impassible.
 Il faut dire qu'avant que Gabrielle une des membre du duo The White Pube  me montre du doigt l'affiche de l'exposition où elle avait prévu de m'entraîner en "art date" dix minutes avant, je ne savais pas du tout qui était Ragnar Kjartansson dont j'écorchais le nom à chaque lamentable tentative d'énonciation. A l'hésitation et l'appréhension des premiers instants, le sentiment d'une perte de repère a succédé. Je me suis d'abord demandée où j'avais atterrie. Cependant je n'eu pas le temps de  me pencher sur cette question au caractère existentielle car j'étais déjà très très loin. Le déroutement merveilleux fut d'abord causé  par  la performance « Take me here by the Dishwasher : memorial for a marriage » où l'on se retrouve plongée avant même d'avoir pu se demander par où commençait l'exposition. Au mur est projetée une scène sans son du film islandais Morosaga (1977) où l'on voit un couple joué par les parents de l'artiste qui furent acteurs. Une perfomance live de chanteurs guitaristes dans la tradition troubadour accompagnent cette projection. Debout, assis, ou allongé sur un matelas à la couverture en satin rose, une guitare dans les bras,  mais toujours entourés de bouteilles d'alcools meilleurs amis des chagrins amoureux, nos ménestrels contemporains au look d'hipster chantonnent en polyphonie le dialogue de la scène du film.  L'air monotone des chanteurs  ainsi que la tonalité dépressive de leur voix contrastent tant  avec le décor tout en couleur pastel et la scène d'amour projeté, que de ce décalage naît une sorte de situation burlesque  qui peut prêter à sourire voire à rire si vous êtes aussi sensible à ce type d'humour que moi. J'avais l'impression d'avoir déjà vécu quelque chose de similaire et c'est seulement après l'exposition que j'ai mis les mots sur cette sensation familière : Wes Anderson. 
Ragnar Kjartessen et Wes Anderson se meuvent dans le même univers, que ce soit au niveau du traitement des couleurs pastels mais surtout de l'humour particulier qu'ils usent pour parler des situations de la vie qui ne sont pas toujours très joyeuses, un humour jamais sarcastique toujours très attendrissant, et du burlesque certes mais tout juste ce qu'il faut pour ne pas l'emporter  sur l'essence profondément poétique des œuvres de cet artiste.
Ragnar se met lui même en scène, multipliants les rôles qui ne sont que les même facette d'un même être au cœur brisé. Il est le héros de son œuvre, même quand il peint un autre c'est lui dans la solitude du " Sorrow".  " Sorrow waited sorrow won"  chantent le groupe The National durant 6 heures d'affilées   "A lot of sorrow"   est d'ailleurs le titre que l'artiste a donné à  la performance qui s'est déroulé en 2013 au MOMA. Dans la salle de la projection de l'enregistrement de la performance, la répetition de cette chanson mélancolique peut paraître too much au début mais on reste, et puis la poésie de la performance l'emporte. A la manière d'une anaphore chaque reprise ajoutait de l'intensité et une nouvelle résonnance intérieure, je me laissai lentement emportée en mon moi, l'usagede la répétition me plongeant  petit à petit dans un état d'introspection. Ragnar est le héros de son œuvre mais en bon poète ou  plutôt en excellent artiste, son je singulier devient universel. Il parle de lui, mais il parle à nous, car tout être humain a déjà connu le sorrow/chagrin, eu le cœur brisé et pas que dans le cadre d'une relation amoureuse. Il parle de l'amour et tout simplement de la vie, pris sous cet angle son œuvre prend une nouvelle dimension, mélancolie des moments passés dont les seuls souvenirs sont les images. L'amour familiale est aussi mis en avant, comme dans l'installation vidéo où on voit sa mère lui cracher dessus et lui à côté rester impassible face à ces marques d'attention singulière. Maintenant que j'y pense, ce qui m'a sans aucun doute autant touchée dans ses créations c'est la manière dont il souligne la maladresse de nos réactions, de nos émotions, de nos actions dans la vie quand on aime, c'est cette maladresse qui nous fait sourire voire  et à laquelle nous nous reconnaissons et là encore je ne peux m'empêcher de faire un lien avec Wes Anderson et les personnages de ces films dont la maladresse dans les évènements de la  vie est toujours touchante.



J'ai vu pas mal d'expositions lors de mon séjour à Londres, et chacune d'entre était tellement différente de ce que j'avais pu voir à Paris, que ce soit au niveau des sujets abordés, de la scénographie, mais avec cette exposition j'ai le sentiment d'avoir vécu quelque chose que j'avais besoin de transcrire avec des mots bien que l'exposition soit déjà fini. Je garde de cette exposition des chansons qui me pénètrent encore, le souvenir des émotions que j'ai éprouvé et pas seulement j'ai vu telle ou telle œuvre.
J'espère maintenant avec impatience que Paris accueille à son tour la rétrospective d'un des meilleurs artistes performeur de la scène contemporaine.










mardi 29 décembre 2015

Novembre.

 Splendeurs de Florence,
Cité suspendu dans l'Histoire,
D'un pas lent  mais léger,
Je me suis émerveillée de ta beauté,
Que de calme, que d'apaisement,
Le temps semblait suspendu,
De retour à Paris,
Le temps semblait suspendu,
Que d'angoisses, que de stupeur,
Triste lendemain d'une nuit de sang.
Mais Paris est une fête,
Ville lumière, lueur d'espoir
Paris ma belle revit.
De Florence à Paris
Entre luminosité et flou
Souvenirs de Novembre.




Tous les clichés sont de moi.